Et Hop ! A la poêle le pinok… Sitôt sortie de l’eau, pris dans la traine du pescatore qui le prend pour un rouget grondin et veut le faire frire sous l’œil de son chien et d’une nuée de nuajoiseaux

​« Il était une fois un bout de bois…» 

Les aventures de Pinocchio commencent par ces mots qui prennent à revers l’incipit de tous les contes ordinaires. Pas de grand château ici, ni de princesse ni de pays merveilleux. Juste un morceau de bois dans un amas confus.
Et si l’art donnait à Pinocchio le pouvoir de remonter le cours du temps ? De redevenir un pantin joueur, capable de traverser le voile des épreuves. C’est l’alchimie que l’atelier DPJ opère avec l’artiste Topolino. À l’atelier, l’artiste, le maître-graveur et la machine allient leurs potentiels et scellent leur union dans le bois, la même matière que Pinocchio.

Pinocchio signifie en italien, oeil de pin. Ce qui singularise Pinocchio, le trait caractéristique communément mémorisé, c’est son nez. Un nez extensible jusqu’à la démesure, dont la croissance intervient quand il dit un mensonge. Ce que révèle son nom c’est pourtant un regard, un regard insensé, un regard de bois. Au travers de ses aventures rocambolesques, ce regard nous suit, nous épie, nous conteste. Les yeux silencieux de l’enfant assistent aux spectacles des adultes à leurs contradictions, leurs erreurs, ou, pire, leur violence. L’inanimé du bois s’invite au coeur de la vie animée des hommes et par contraste en révèle la vérité. N’est pas de bois celui qu’on croit. Pinocchio nomme le regard de l’enfance. Pinocchio vient donc du bois. C’est un être de bois. Et il nous apprend beaucoup sur sa nature. Avec lui, le bois se fait chair et sentiment.

Jean-Louis Cianni